Bullshit Ent

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jeudi 11 juin 2015

Requiem pour Sir Christopher Lee

Bonjour à tous. Le blog semble mort ces derniers temps, rien d'anodin : le bac approche.
Pourtant je vous assure que je vais au cinéma régulièrement, donc j'ai tout de même les moyens d'écrire.

Mais là l'heure est grave : les médias en parlaient depuis quelques jours, mais cette fois c'est sur...


Sir Christopher Lee est mort.


C'est une nouvelle particulièrement triste pour le monde du cinéma. Presque une bombe. L'acteur britannique s'est donc éteint à 93 ans suite à des problèmes respiratoires, après une carrière époustouflante.
Il s'agissait effectivement d'un homme d'une grande valeur, doté d'un talent inestimable pour ce qui est du cinéma. Et en plus de ça, le Sir était extrêmement prolifique : un total de 225 films à son actif. Pour beaucoup, disons les plus âgés, il restera Dracula dans la série de film de Terence Fisher, un rôle qui seyait à sa carrure, à son grandiose. Pour d'autre, disons cette fois les plus jeunes, il demeurera l'éternel Compte Dooku dans la saga Star Wars, ou le malfaisant Saroumane dans Le Seigneur des Anneaux.
Mais résumer sa carrière à ces trois immenses rôles serait minimiser son talent : il fut également l'homme au pistolet d'or dans L'Homme au Pistolet d'or, grand film dans la saga des James Bond ; Raspoutine dans le film éponyme ; Mycroft Holmes dans des adaptations de Sherlock Holmes ; il eut aussi plusieurs rôles dans les films de son ami Tim Burton (dans Sleepy Hollows ou Dark Shadows notamment, et même Charlie et la Chocolaterie et Alice au Pays des Merveilles).
Bref, il s'agit là d'un immense acteur qui nous quitte, un homme qui avait su apporter sa marque dans le style du fantastique.

Son talent dépasse bien évidemment les frontières de la Grande Bretagne, où il fut anoblit par la Reine elle-même : il est ainsi décoré de l'ordre des Chevaliers de l'Art et des Lettres en France. Et un titre aussi long ne peut témoigner que du prestige.

Parler de Christopher Lee ne peut bien se faire sans évoquer sa vie héroïque durant la Seconde Guerre Mondiale : tantôt pilote de la Royal Air Force, tantôt soldats pour l'armée britannique en Afrique du Nord.
Cet homme a combattu des nazis, et ce sont bien là les méchants absolus du grand film qu'est l'humanité n'est-ce-pas ?

Enfin, c'était un amateur d'Histoire médiévale, un goût qui se perd de nos jours, ce qui est bien dommage. Ces temps reculés lui plaisaient tellement qu'il a lui même composé un album de heavy metal (oui oui) portant sur l'Empereur Charlemagne, pour son 93e anniversaire.

Pour la faire simple : c'est l'homme qui a donné un sens au mot "badass" et à celui d' "epic"qui vient de mourir. C'est un colosse qui s'effondre aujourd'hui, Hollywood est en deuil.

Déjà la mort de Robin Williams était une tragédie, mais voilà que Sir Christopher Lee le rejoint au Panthéon des acteurs, décidément il convient de se poser la question : mais pourquoi est-ce les meilleurs qui partent les premiers ? À quand Michael Young ou Léa Seydoux bon Dieu ?

Si vous avez le temps n'hésitez pas à regarder quelques uns de ses films (pas tous, 225 ça fait beaucoup quand même), vous ne devriez pas le regretter.

En attendant, reposez en paix Sir, vous allez nous manquer.

lundi 27 avril 2015

House of Cards S03, Quid ?

Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien, parce que moi oui : j'ai dédié cette après midi de révision à la rédaction d'un article pour Bulshit Ent.
Et, une fois n'est pas coutume, on se retrouve pour débattre d'une belle série. Et pas n'importe laquelle  : la saison 3 de House of Cards.

*musique du générique et plans accélérés de Washington D.C*

ATTENTION : L'équipe de Bullshit Ent tient à vous signaler la présence évidente de spoilers sur les saisons 1, 2 et 3 de House of Cards. Toute l'équipe insiste pour vous présenter ses excuses, mais ils n'ont pas pu faire autrement.
Bonne lecture.

ATTENDUE COMME JAMAIS

Les saisons 1 et 2 de HoC avaient pour elles la particularité de suivre une certaine continuité : celle de la vengeance et de l'ascension de Frank Underwood, l'antihéros au centre de la série.
En effet, trahi par le Président élu au début de la saison 1, Underwood -alors whip de la majorité- n'aura de cesse d'ourdir et de multiplier des complots à l'encontre du Président Walker, histoire de lui faire regretter de ne pas l'avoir nommé au Secrétariat d'État.
Après une élévation au sein de la majorité démocrate, puis de l'équipe présidentielle en elle-même, le Vice-Président Underwood arrive à faire démissionner Walker, et devient enfin le Président Underwood, au sortir de la saison 2.

La saison trois était donc cerclée de mystères et d'interrogations : mais qu'est ce que les gars de Netflix (c) et surtout David Fincher allait bien pouvoir ajouter à tout ça ?
S'agira-t-il de faire tomber Underwood ? Ou juste de suivre l'évolution de l'homme le plus machiavélique du petit écran dans la Maison Blanche ?

Bref, pendant un an, ce fut la débâcle la plus totale au sein de la communauté. Mais finalement, au mois de Mars 2015, Underwood revint.

ENTRE ULTRA RÉALISME ET IMAGINATION

Difficile de décrire cette troisième saison en quelques mots.
On sent bien l'ambition de cette nouvelle saison, qui coupe avec les deux précédentes : on nous parlait de pot-de-vin, d'abus de position dominantes, de deal journalistiques, de démissions, d'impeachment.
Et d'un coup on nous parle de l'ONU, du chômage, de réformes, du Jourdain, des Russes, de primaires... Bon Dieu en une seconde on est passé de derrière la politique à devant la politique. C'est fou.

Cette évolution, elle est placée sous le signe d'une ambivalence particulière : 
D'un côté le ton de HoC devient presque accusateur, baigné dans une volonté de réalisme allégorique certaine. Seul un aveugle ne saurait pas reconnaitre Vladimir Poutine sous les traits du Président Viktor Petrov (ils ont les mêmes initiales, c'est dire). Que dire également des Pussy Riots fictives, interprétées par les vraies Pussy Riots (celle qui ne sont pas en prison of course) ?
Avec cette troisième saison, Fincher s'attaque à des sujets en total rapport avec notre monde à nous : la crise du chômage américaine, le conflit israëlo-palestinien, le rôle de l'ONU... Et c'est parfois un peu fatiguant de reconnaitre des personnages et des faits réels à peine grimés en épisodes fictifs.

De l'autre côté, la série jusque là parfois connue pour son réalisme s'envole parfois dans des envolées inimaginables : on ose vouloir nous faire croire qu'Underwood nomme sa femme ambassadrice à l'ONU alors que la loi antinépotisme interdit ce genre d'action aux États-Unis depuis le mandat Kennedy ? De même pour la rencontre Underwood-Petrov au beau milieu de la vallée du Jourdain dans une petite hutte perdue au milieu du désert.

Mais je chipote, je chipote, si la série perd des points en réalisme ou en pertinence, elle en met beaucoup sur d'autre fronts :
On a presque affaire à de la poésie avec cette histoire de moines tibétains dans la Maison Blanche non ? 
D'ailleurs parlons-en de cette Maison Blanche, plus que jamais cette saison est dédiée au couple Underwood. Placé au centre de l'histoire, c'est bien Frank et Claire qu'il faut regarder, et pas vraiment les autres évènements.
Le couple présidentiel démarre en équipe soudée par l'adversité, le mensonge, la cruauté, le népotisme, et fini séparé car déchiré par les règles d'un jeu auquel ils savaient si bien jouer.

La vraie prouesse de la saison 3 de House of Cards n'est pas dans l'étalement de manigances politiques comme les deux autres, mais bien dans son développement de la Galaxie Underwood et de tout les personnages qui gravitent autour. 

CASTING & CHARACTERS

Et que dire de tout ces personnages. On a rarement vu le cercle relationnel autant mis à l'épreuve dans House of Cards. Les deux premières saisons ne mettaient jusque là l'accent que sur les Underwood, n'accordant que quelques petites séquences à des personnages secondaires (Doug, Remy...).

Mais cette fois, tout les personnages subissent un développement fulgurant. Aussi bien les anciens comme Jackie, Remy, ou Dunbar qui passent de deutagonistes à protagonistes indépendants suivant leurs propres destinées.
On applaudit également l'introduction de nouveaux personnages complexes, torturés, brutaux : le Président Petrov qui malgré quelques accès de gentillesse et de realpolitik reste un ours violent et intransigeant, qui signera la mort du couple présidentiel. Mon coup de coeur reste pour Thomas Yates, l'écrivain à succès qui semble mentir au fur et à mesure que l'intrigue se développe, et qui ne se révèle être qu'un requin qui profite de l'hospitalité de Frank.
Enfin, véritable renaissance de Doug, qui tel un phénix passe de zéro à héros en une saison.

Inutile de rappeler que la série et toujours porté par le duo d'acteurs que forment Kevin Spacey et Robin Wright, qui livrent chacun un jeu bien plus intimiste qu'auparavant, moins axé sur l'éloquence et la prestance qui caractérisaient leurs personnages.
Mais force et de constater que les autres acteurs s'en sortent tout aussi bien, notamment Lars Mikkelsen (oui oui ! le frère de Mads "Hannibal" Mikkelsen) dans le rôle de Poutine Petrov.

QUID ?

La saison 3 de House of Cards est difficilement comparable à ses sœurs aînées : les enjeux, et les objectifs de David Fincher ne sont clairement plus les mêmes.
À noter que toutes les intrigues, ou du moins la plupart, démarrées au cours de cette saison ne se sont pas terminées, sans doute en préparation de la saison 4 qui marquera (à l'instar de la saison 2) la fin du cycle ici entamé.
Si des détails m'ont un peu gêné, l'ensemble de la saison aura su me captiver, j'approuve et réapprouve.

Si vous n'avez toujours pas vu House of Cards, je vous le conseille chaudement, de la saison 1 jusqu'à la saison 3.


Je vous laisse ici, à la prochaine.

mardi 14 avril 2015

Plaidoyer pour "Game of Thrones"

Bonjour tout le monde, force est de constater que j'ai l'impression de ne pas être passé ici depuis des millénaires.
Je pourrais présenter les diverses raisons qui m'ont éloigné de Bullshit Ent, mais ce serait une perte de temps considérable par rapport à l'article d'aujourd'hui.

Car on innove sur tout les points : non seulement on parle de série, mais en plus l'article du jour ne sera pas une critique mais bien un plaidoyer pour la célèbre série de HBO Game of Thrones.

LE RETOUR DU FILS PRODIGUE

Impossible d'y échapper : voilà quelques jours qu'Internet est en folie face au retour imminent d'une des séries les plus populaires de tout les temps : Game of Thrones.
C'est bien simple, tout le monde en parle, partout, tout le temps : voilà bien deux semaines que votre meilleur ami vous a raconté une énième fois les derniers événements de la saison 4, que votre voisin se repasse en boucle les dernières saisons, que ce type relou a encore fait un statut pour décompter les jours avant la sortie de la saison 5, bref littéralement tout votre entourage attend avec impatience le retour de GoT.

Et quand ce n'est pas un de vos amis sur les réseaux sociaux qui vous en parle, c'est carrément "Le Monde" qui s'y met : Les quatre saisons de GoT en 5 minutes

Pas de fumée sans feu, la "GoT-mania" est tout à fais justifiée en vérité : il faut dire que la série peut se targuer d'une réalisation solide, d'un casting très convaincant, et surtout d'un scénario en béton qui saura captiver les foules.
Avec Game of Thrones, la chaîne HBO a réussi son pari : des millions de téléspectateurs pour chaque saisons, et de nouveaux Emmy Awards et Golden Globes chaque année.
Encensée par le Hollywood Reporter ou le Los Angeles Time, la série tourne aux alentours de 85/100 sur Metacritic et comptabilise plus de 5000 votes sur l'Internet Movie Database.

GoT c'est la série de tout les records qui touche à tout : la guerre, la politique, l'Histoire, le sexe, l'amour, la violence, et plein d'autres sous thèmes plus précis difficiles à évoquer dans cette liste non-exhaustive (l'inceste, la filiation, l'honneur, blablablaaaaa...).
Finalement, le vrai exploit de GoT c'est d'avoir séduit les amateurs de fantasy, comme les simples spectateurs d'un soir ; les fans de politique, comme les historiens en herbe ; les accros à l'action, comme ceux au suspens.
En un mot : GoT plaît à tout le monde (okay ça fait six mots, pardon).

Conclusion : même s'il était un peu envahissant cette dernière semaine, le tapage médiatique autour de cette cinquième saison est légitime puisqu'il n'est là que pour annoncer la venue du Christ de l'évènement télévisuel le plus attendu de l'année.

Les fans sont en liesse, les médias aussi, les records tombent, la critique encense le casting et la réalisation ; à ce niveau là tout va bien dans le meilleur des mondes.

UNE NOUVELLE TENDANCE : LE CONTRE GOTISME.

Oui, je viens d'inventer ce terme, mais figurez vous que je l'aime bien.
C'était à prévoir, et c'est compréhensible, GoT -malgré son large succès en général- n'a pas plu à tout le monde.
Et il n'y a pas de mal, personne n'est obligé d'aimer les combats à l'épée, les trahisons féodales, ou les scènes de sexe omniprésentes, pas de soucis de ce côté là.

Le contre-gotisme n'est donc pas un problème en soi, c'est même une bonne chose : signe que la série attise les spectateurs et réveille l'esprit critique. Après tout, c'est arrivé à tout le monde d'essayer de convaincre un irréductible que, vraiment, GoT c'est la classe ; ou, au contraire, de vouloir persuader l'autre que, sincèrement, c'est très surfait toutes ces histoires de chevaliers.

Quid de cette nouvelle tendance alors ? Et bien le problème c'est que derrière les critiques constructives, éclairées, et justifiées, on a également affaire à des attaques brutales qui démolissent la série unilatéralement, souvent pour une seule raison isolée et pas franchement justifiée.

Le but de cet article est donc de défendre vaillamment la série contre ces viles attaques cruelles.

LE TRÔNE DU SEXISME ?

Courrier International relaie ici l'article d'une journaliste britannique qui avoue avoir abandonné GoT après avoir regardé les trois premières saisons.

Le gros de la critique ici concerne un débat qui revient souvent au sujet de la série : le sexisme.
Difficile d'ignorer le nombre de prostituées ou la supériorité masculine dans Game of Thrones, pas la peine de le nier.
Danielle Henderson, car c'est son nom, déplore le succès des personnages masculins au détriment de leurs homologues féminins.

Personnellement j'ai du mal à voir les fondements d'une telle accusation, je trouve que la série accorde énormément d'importance aux personnages féminins, et nombreuses sont celles qui sont des piliers du scénario, ou des protagonistes-clé à l'intrigue.
Que dire de la jeune Arya Stark, véritable Kill Bill moderne, qui n'a littéralement peur de rien et qui traite d'égal à égal avec Le Limier, un colosse brutal et massif ?
Comment ne pas détailler le personnage de Daenerys Targaryen dont le développement réside dans sa revanche sur la vie et son accession au pouvoir, au détriment de chaque homme de pouvoir qu'elle croise ?
Quid de Brienne qui passe le plus clair de son temps à humilier les hommes en combat singulier (ce qui semble pourtant être leur discipline de prédilection) ?
Et enfin n'oublions pas Ygritte qui s'est illustrée par son célèbre "You know nothing Jon Snow" ("Tu ne sais rien Jean Neige Jon Snow").

Et encore là, je n'ai pas parlé de Cersei, Margaery, Catlyn Stark, et bla et bla et blaaa.
Il est clair que pour moi, dans GoT les personnages féminins sont particulièrement bien traités et méritent une attention particulière. Elles n'ont rien à envier au personnages masculins.

Mais bon, la critique ne s'arrête pas là. Et, prévoyante, Mme Henderson rappelle que "pour chaque femme qui atteint le pouvoir, cinq sont dénigrées".
Si elle le dit, c'est que ça doit être vrai. Mais bon, là je demande à voir le même rapport pour les hommes, et puis bon si on y réfléchit c'est normal que le rapport "personnage au pouvoir/personnage délaissé" soit de cet ordre là. Ça suit la logique du pouvoir non ?

Bref, à cela elle rajoute le supplément : les hommes ont plus de pouvoir.
C'est, hélas, sans doute vrai. Mais encore une fois il faut revenir sur les fondements de la série : il s'agit d'une saga librement inspirée de l'Histoire de l'Angleterre et de la France pendant le Bas-Moyen-Age.
Et il faut dire qu'à cette époque la situation de la femme en politique et dans la société était particulièrement médiocre. On imaginait difficilement des femmes de pouvoir, et les seules les Reines avaient réellement de l'influence.
Peut-on reprocher à GoT son réalisme historique dès lors ?
Il y a là un choix à faire : soit on suit l'Histoire et on se fait traiter de sexiste, soit on rend le tout soft et on s'expose au critique du type "demi-mesure" ou "contentement forcé".

Et pourtant je pense quand même que la série fait tout son possible pour développer ses personnages féminins et nuancer la tradition médiévale de la phallocratie. 

Pour moi GoT est tout sauf une œuvre sexiste, et les désagréments que peuvent connaitre les rôles féminins s'explique par une volonté de réalisme historique qu'il est dur de contourner.

Ce dernier détail vaut aussi pour l'ultime critique de Mme Henderson : la violence sexuelle.
J'ai déjà rappelé que Game of Thrones se déroule pendant l'époque médiévale, réputée pour sa violence et son mépris de la condition féminine.
Difficile d'imaginer la Garde de la Nuit laisser tranquillement partir les filles de Craster comme si de rien n'était. On est au Moyen-Âge : l'âge d'or de la violence omniprésente.

Et pour ce qui est de la très dérangeante scène entre Jaime et Cersei près de Joffrey, je pense quand même qu'on va éviter de dire aux auteurs comment développer leur personnages, hein.

UN RACISME SOUS JACENT ?

Incroyable mais vrai, on reproche à Game of Thrones d'être significativement raciste.
C'était un peu les mêmes critiques qu'avait reçu 300 de Zack Snyder à son époque, là aussi c'était un peu ridicule.

Toujours dans le même article, Danielle Henderson mentionne très vaguement le racisme. Le problème est aussi soulevé dans un autre article dont on parlera plus tard.

Alors : l'absence de personnage noirs, arabes, chinois, etc. est elle problématique dans GoT ?
Pas vraiment.
D'abord parce qu'il y a des personnages autres que blancs occidentaux dans la série, mais ça j'ai l'impression que tout le monde l'oublie (Xan ou je ne sais plus trop son nom, Vert-Gris, Syrio Fodel, tout les gens de Braavos, toutes les villes dans lesquelles passe Daenerys, etc.).
Et là encore le réalisme historique s'impose : à votre avis il y avait beaucoup de Noirs à la cours du Roi d'Angleterre ?

Reprocher un manque de personnage Noirs à Game of Thrones, ce serait comme reprocher à Marco Polo qu'il n'y ait que deux personnages européens blancs. Il y en a moins, c'est sûr, mais ça s'explique par le scénario encore et toujours.

Bon j'ai pas envie de m'attarder sur la critique du racisme, parce que contrairement à celle du sexisme elle ne devrait même pas se poser.

LE CONTRE-GOTISME : UN SIMPLE PHÉNOMÈNE DE MODE ? 

Finalement toutes ces sur-critiques exacerbées sont surtout dans l'air du temps, et il est de bon ton dans le milieu journalistique de choisir son camp entre les adorateurs de GoT, où les pseudos libres penseurs qui préfèrent la critique facile à l'objectivité.

En témoigne ce glorieux article de Vice (. . . bref) qui avait tourné lors de la saison 4 et qui fait son grand retour en ce moment : Pourquoi je ne regarderais jamais Game of Thrones

Bon, outre le fait que """"l'article""""" a beau être bien écrit, il n'est pas très inspiré, et témoigne surtout d'un profond mépris pour les pauvres fans hardcore qui n'ont rien demandé, et plus largement pour le genre de la fantasy.
Ici on a affaire à un article très paradoxal qui semble n'avoir pas compris de quoi il traite mais qui à côté de ça apporte des faits qui pourraient faire entrevoir une certaine compréhension du sujet.
On y critique les fans violents, mais on rappelle qu'on peut en parler en soirée sans se faire huer : de quoi est-ce qu'on parle alors ? Est ce qu'on essaye de nous faire comprendre que c'est une série seulement pour les bons gros nerds, ou au contraire on veut nous dire que c'est un phénomène de mode hype mais ridicule ?

Les articles de ce type, ou du type ultra agressifs comme ceux de Mme Henderson, on en trouve à foison en ce moment sur la toile.
C'est normal, chaque mouvement à succès s'accompagne de ses détracteurs plus ou moins objectifs, et après tout, on a tous une bête noire qu'on critique sans trop la connaître réellement.

Lost et Breaking Bad ont eu la chance d'avoir une fan base agréable et objective, mais également des critiques constructives et intéressantes.
Le plus gros défaut de Game of Thrones en fait c'est peut-être ses fans et ses antis, qui font sans doute chacun un peu trop de bruit.

Car nul doute que la série a su conserver sa qualité scénaristique, son casting de haut niveau, son réalisme, et sa réalisation tout au long des quatre premières saisons.
Et le peu que nous ayons vu de cette cinquième laisse à croire que rien n'a changé dans le meilleur des mondes.

FIN

Ce plaidoyer pour Game of Thrones s'achève ici, je recommande toujours autant la série à tout le monde. Laissez vous tenter si ce n'est pas déjà fait, et que ça vous plaise ou non ne tombez pas dans la critique facile ou l'encensement aveugle.
Bonne journée et bonnes vacances.

dimanche 8 mars 2015

[AP] Un homme idéal - Yann Gozlan

Bonjour tout le monde, non vous ne rêvez pas : c'est bel et bien un article de Bullshit Ent publié en temps et en heures que vous lisez actuellement.

MAIS ce n'est clairement pas le détail le plus important de cet article qui est bel et bien unique : pour la première fois vous allez lire une critique de film, alors que le film n'est pas encore sorti. Car oui, Bullshit Ent était pour la première fois de son histoire à l'avant-première.
*musique de triomphe*

Aujourd'hui c'est donc, en avance, Un homme idéal de Yann Gozlan.

MISE AU POINT

Yann Gozlan ne vous dira sans doute rien, c'est normal puisqu'il n'en est qu'à son deuxième long-métrage, le premier étant Captifs daté de 2006, lui même précédé d'Echo, un court métrage réalisé en 2004.
Le point commun de ces trois films, est leur genre : Yann Gozlan ne fait que dans le thriller, un genre qui revient en vogue dans le cinéma français ces derniers temps.
Bref, si son film attire l'attention c'est surtout pour grâce à l'acteur qui tient le rôle principal : le légendaire, le tombeur, le seul et l'unique, Pierre Niney de la Comédie Française, récemment détenteur du César du Meilleur Acteur.

Pour faire simple, on a donc un étrange thriller entre le mains, mais porté par une valeur plus que sûre du cinéma français. Un mélange plutôt intrigant, réussi ? Réponse maintenant.

DÉVELOPPEMENT

Force est de constater que Un homme idéal n'a pas l'apparence d'un deuxième film un peu hasardeux. Très professionnel, et très bien traité, ce long-métrage présente indéniablement une grande qualité.

Commençons par le scénario, qui est sans doute la pièce maitresse du récit : Mathieu Vasseur, 26 ans, est un jeune homme vivant modestement, contraint de travailler dans la boite de déménagement de son oncle. Autrement, Mathieu écrit. Mais il doit faire face à la meurtrissure de l'échec lorsque les éditeurs refusent irrémédiablement de publier son livre.
Mais tout change pour Mathieu lorsqu'il tombe sur le journal d'un soldat de la Guerre d'Algérie, qu'il publie sous son nom. Dès lors il goute à la célébrité absolue et à la consécration, mais rapidement son mensonge le rattrape.
Sans être une révolution, le scénario est très intéressant et arrive à brasser un nombre de thèmes assez conséquents. Notamment la question de la quête identitaire, la peur de la page blanche, et le prix du mensonge et ses conséquences.
On a ici affaire à un scénario de thriller bien construit qui ne laisse que peu de place au repos pour le spectateur. Le fil narratif nous tient en haleine tout au long du film, et c'est un très bon point pour ce genre de film.

Ce scénario qualitatif est soutenu par une réalisation talentueuse. Une grande partie du travail de réalisation semble reposer sur la manière de planter les décors (l'action se déroule principalement dans une villa dans le Sud de la France, du lourd). Un exercice difficile mais qu'Yann Gozlan réussit avec brio, j'applaudis par exemple les premiers plans d'ouverture sur l'immeuble de banlieue dans lequel vit Mathieu, on comprend immédiatement l'ennui, la douleur, et la morosité qui résident dans ces barres d'immeubles grisâtres. De la même façon, on ne se laisse pas tromper par les couleurs chatoyantes et brûlantes de la maison de Provence, les grands angles et les vastes salles réussissent à la rendre labyrinthique, profonde, voire menaçante.
Le travail sur l'ambiance et l'atmosphère du film est à applaudir aussi. Le plus dur dans ce thriller, c'est de faire ressentir toute l'histoire du point de vue de Mathieu, il faut que l'on comprenne qu'il n'est jamais en sécurité, toujours en proie à une certaine forme de paranoïa schizophrénique. Plan serrés, musique angoissante, actions qui s'enchainent, là aussi Yann Gozlan maîtrise son sujet.
Il faut dire que le jeune réalisateur semble aussi maîtriser ses classiques, puisqu'il cite volontiers dans ses influences les célèbres Plein Soleil de René Clément, Match Point de Woody Allen, et même Le Talentueux Monsieur Ripley d'Anthohy Minghella.
Je doute qu'il faille chercher une large symbolique dans le film de Yann Gozlan, mais s'attarder sur les thèmes évoqués plus haut est en revanche plutôt pertinent : Mathieu Vasseur est un homme confronté à l'échec dans sa passion, mais l'usurpation de l'oeuvre d'autrui lui permet de parvenir à la vie dont il a toujours rêvé. C'est là que la quête identitaire intervient : le jeune homme est continuellement divisé par la hantise de son crime, et la satisfaction de voir son bonheur se réaliser. Cette division met son esprit et sa conscience à l'épreuve, et les divers épisodes sanglants qui ponctuent le film participent également à l'emphase de la situation de Mathieu. La scène finale du film met enfin l'ultime accent sur ce phénomène de quête identitaire, une scène d'ailleurs très puissante qui justifierait à elle seule d'aller voir le film.
Le plus dur dans la réalisation aura été de faire passer Mathieu non pas pour un dangereux sociopathe mythomane, mais bien pour un individu perdu pour qui il faut éprouver une certaine compassion et de la compréhension.

Mais ce dernier détail est facilité par la prestation du merveilleux, du génial, du majestueux Pierre Niney qui remplit les salles de fans en délire. Ici son interprétation est très juste, même si particulièrement intense dans certains moment. Il sait faire preuve d'un naturel simple ou d'un costume d'apparat quand nécéssaire, il arrive même à bien jouer le mauvais acteur dans certaines scènes. Du très bon travail.
La performance de son jeu repose également sur le duo majestueux qu'il compose avec Ana Girardot elle aussi excellente dans le rôle de la jeune femme surintelectuelle, qui se laisse tromper par Mathieu et qui nage dans une confiance aveugle vouée à l'être aimé.
Yann Gozlan a beaucoup insisté sur le travail du duo d'acteurs, sur lequel repose une grande partie du film, qui se veut par moment très intimiste, et le résultat offert par Pierre Niney et Ana Girardot est effectivement bluffant.
Il est intéressant de noter que Pierre Niney a adoré ce rôle qui lui permet sans doute de briser avec Yves Saint Laurent, et qui rappelle que le comédien est une des grandes étoiles du cinéma français.

Un homme idéal est donc une réussite technique, visuelle, et narrative, et ce, grâce au travail du jeune réalisateur, du jeune comédien, et de la jeune actrice.
C'est donc un film jeune qui réussit à apporter de la fraîcheur dans le champs visuel français, qui est d'ailleurs en train de se renouveler. 

CONCLUSION

Allez voir Un homme idéal. C'est un très bon film, très agréable à voir, beau, bien interprété et qui saura vous tenir en haleine pendant deux heures. Un thriller comme on en fait plus, ou plutôt comme n'en fait que depuis très récemment.
En bref, je vous conseille chaudement de vous précipiter dans les salles le 18 Mars le jour de sa sortie nationale, et surtout n'oubliez pas de signaler que c'est Bullshit Ent qui vous l'a recommandé, car après tout, on l'a vu en avant-première n'est ce pas ?

Oui je fais ma pub, non je n'ai pas honte. Bonne journée, et bonne -future- séance.

mardi 3 mars 2015

Birdman - Alejandro Iñarritu

Bonsoir bonsoir,  voici le dernier article de Bullshit Ent avec bel et bien deux jours de retard, c'est magnifique on l'applaudit.

En parlant d'applaudissements, vous n'avez pas pu échapper aux deux évènements cinématographiques des dernières semaines : les Césars, et les Oscars.
Il serait facile et judicieux de commenter ces deux cérémonies tout à fait respectables et parfois même pertinentes.
Mais non, nous ne le ferons pas. Pourquoi ? Parce que j'ai la flemme voilà pourquoi.

À la place on va plutôt parler du film grand gagnant des Oscars : le fameux Birdman d'Alejandro Inarritu.

MISE AU POINT

Iñarritu c'est un cinéma très particulier. Et d'ailleurs c'est d'un tel niveau de personnalité et de perfectionnement que j'estime ne pas avoir le niveau pour l'appréhender et le commenter.
Vous avez peut-être encore en tête les puissants Babel et 21 grammes, et c'est normal, le réalisateur a su mettre un souffle prenant dans ses films qui, bien qu'il n'aient plu à tout le monde, ont eu le mérite de faire réellement du cinéma : c'est à dire raconter une histoire, faire ressentir des choses, et transmettre une idée ou un message.
Autrement dit Iñarritu c'est du lourd : son film Birdman lui a d'ailleurs valu les Oscars du meilleur film, meilleur scénario original, et meilleur réalisateur.

DU LOURD je vous le dis.

MISE AU POINT

Birdman est une oeuvre à ne pas mettre entre toutes les mains, l'univers d'Iñarritu est déjà sincèrement dur à comprendre et analyser, mais avec ce dernier film le réalisateur semble briser les limites et les codes mêmes de son propre monde.
Birdman est d'ores et déjà intemporel tout simplement parce qu'il change en vérité le rapport du film à lui même et à la façon de concevoir le cinéma.
Je ne dis pas que Birdman est bon ou même un chef d'oeuvre, mais c'est sans nul doute une véritable oeuvre originale d'un tout nouveau genre et chargée en matière que nous présente ici Iñarritu.

Déjà la réalisation est extrêmement singulière : il ne vous aura pas échappé dans les critiques que le film est constitué d'un seul plan séquence en temps plus ou moins réel, la caméra ne coupe jamais et vous suivez les personnages un à un, la caméra change de cible dans les couloirs, passe par des recoins, bref : la caméra ne coupe pas.
Le premier effet de ce choix exceptionnel de réalisation est de créer une tension tout au long du film, un certain effet de fatigue, ainsi qu'un degré d'urgence progressivement croissant. Trois éléments d'ambiance omniprésents dans ce film. L'histoire prend ainsi une ampleur de plus en plus lourde, les faits évoqués deviennent de plus en plus importants, mais ne semblent jamais arriver, la connexion entre le spectateur et les personnages et l'univers du film est directe.
Bien sûr, le plan séquence ne saurait se résoudre à cette utilité d'ambiance et trouve un certain sens narratif : la notion du temps est vite perdue au cours de ce plan-film, et l'intrigue se déroule sans s'arrêter sans se terminer, ce qui est un écho à la situation du personnage principal qui ne voit jamais son calvaire se terminer, là aussi la sensation est transmise au spectateur.
Autre choix narratif : les plans serrés. On a l'impression que la caméra touche les personnages, ne leur laissant jamais d'intimité. On les suit dans chaque instants de leurs vies, au point d'en devenir étouffant. Seules les scènes sur les planches du théâtre semblent vaguement échapper à cette règle, seul instant où les personnages sont dépossédés de leur propre personnalité.
Bon, pas la peine de broder pendant des jours : Iñarritu a fait un travail mémorable dans sa réalisation. Elle est extrêmement soignée et rien n'est laissé au hasard, tout est en accord parfait avec le scénario.
Je mentionne tout de même la musique à base de percussion et de cymbales répétitives et persistantes qui participe à la création de l'ambiance exigüe également.

Parlons-en du scénario. On nous raconte ici les mésaventures de Riggman Thomson, ancien acteur hollywoodien du blockbuster "Birdman" qui veut retenter sa chance de manière plus sincère en interprétant une pièce de Raymond Carver à Broadway. Il est cependant hanté par le spectre de son passé et tout les intervenants de sa vie et de la pièce semblent l'empêcher de progresser.
Bon, le scénario est très bien mené, en plus d'être original. Il vaut son pesant culturel et rehausse le niveau du cinéma américain de ces dernières années. C'est d'ailleurs très intéressant de constater une mise en abîme particulière : au final on regarde des acteurs, jouer des acteurs, jouer des personnages de théâtre.
Cependant je ne vais pas m'attarder sur la valeur du scénario plus que ça maintenant, j'y reviendrais plus tard.

Concentrons-nous sur les acteurs. Le film est porté par Michael Keaton, connu pour avoir incarné... Batman, dans le film de Tim Burton. Keaton interprète ici un personnage névrosé et désemparé, en proie à une crise existentielle profonde dont il n'accepte pas tout les tenants et les aboutissants. Énergétique et arborant tout au long du film un air épuisé au bord du claquage, Keaton est toujours juste et n'en fait jamais trop. Bravo.
À côté de lui vient se hisser Edward Norton, un acteur polyvalent, qui joue ici... un acteur talentueux mais qui en fait trop. C'est l'exact opposé du personnage de Michael Keaton : toujours plein d'assurance, agressif, ridicule dans sa recherche de la perfection, et pourtant rongé discrètement par la peur et le mensonge. Là aussi, Norton livre un jeu tout à fait remarquable. Bravo.
Ensuite arrivent Emma Stone et Zach Galifianakis qui jouent des personnages secondaires risibles et orientés. Là aussi il faut applaudir leurs prestations très appréciables.

Que retenir de Birdman alors ? Et bien on arrive.
Je n'arrive toujours pas à savoir si Birdman est un réquisitoire contre le cinéma hollywoodien grand budget, qu'il tourne en ridicule et qu'il insulte fréquemment, ou contre le monde du théâtre dont il dépeint des personnages arrogants et irrascibles, trop occupés à détester les oeuvres populaires pour se rendre compte de leur propre décadence.
En fait je veux croire que le film lutte contre ces deux tendances et fait l'apologie discrète mais perceptible d'une forme d'art cinématographique ou théâtral avec une démarche sincère et profonde. Car c'est bien de ça qu'il est question : d'un homme amoureux de la littérature qui est comprimé entre son passé d'acteur de blockbuster et devant la haine et le dédain que lui voue le monde du théâtre.
Et que faire de ce casting si particulier : l'ancien Batman joue Birdman, l'acteur polyvalent méconnu joue le pédant talentueux, la jeune étincelle des médias joue la fille surconnectée qui méprise ce monde archaïque, et l'acteur jovial running gag jouant le seul individu responsable mais obsédé par le succès. En vérité le film pose la question du lien entre les acteurs et le réalisateur à leur oeuvre et tout, dans le film, semble y faire écho.
Le film n'est pas remarquable par sa qualité, il est remarquable pour son rapport au cinéma et sa bienveillance à l'égard de la démarche artistique.
Et c'est bel et bien pour ça que Birdman a gagné tout ces Oscars : il questionne le public comme il harponne hollywood et le met face à lui même.

Birdman au delà d'un grand film, c'est une promesse d'une volonté du cinéma américain de se renouveler et je veux bien parier que le futur Nouvel Hollywood n'est plus si loin désormais.

CONCLUSION

Bon sur ce, je conclus cette critique qui n'en est pas vraiment une. J'ai conscience d'avoir été extrêmement subjectif sur ce coup mais je maintiens qu'il ne faut pas voir le film juste pour voir un bon/mauvais film mais bien pour comprendre une oeuvre.
À voir s'il vous intrigue, si vous ne le sentiez pas à la base, passez votre chemin !

Bonne soirée et bonne séance !

mardi 17 février 2015

Cinquante Nuances de Grey - Sam Taylor Johnson

Bonjour tout le monde, comment allez vous ?
J'espère que vous passez de bonnes vacances, mieux que les miennes en tout cas : forcé de rester enfermé pour réviser.

Anyway, ça faisait un petit moment que je n'étais pas passé par ici mais rassurez vous, l'attente en valait la peine. Cette semaine au cinéma, deux films se faisaient face : The Imitation Game film historique nominé aux Oscars racontant l'histoire vraie d'Allan Turing, et Cinquante Nuances de Grey film aux attraits romantiques mais surtout sexuels-sadique, adapté du tristement célèbre livre du même non.
L'appel du sexe et de la richesse fut le plus fort, je suis allé voir le surnommé "Fifty Shades".

MISE AU POINT 

L'épopée Fifty Shades commence en Mai 2011 lorsque la britannique publie le livre "Fifty Shades of Grey" (en VO, jeu de mot sur "grey" la couleur gris, et Grey le personnage). Succès immédiat pour le lectorat de base féminin américain (catégorie ménagère quinquagénaire), profond malaise chez les critiques qui se morfondent devant le texte.
Fifty Shades devient rapidement une trilogie, mêlant amour et surtout pratiques sexuelles peu communes (sadomasochisme), ce dernier point lui ayant valu son succès et sa réputation.

Le livre a donc reçu des accueils très mitigés entre le public et les critiques, mais il n'en demeure pas moins un succès planétaire, et qui dit succès planétaire dit aussi "film".
Les studios d'Hollywood s'emparent du projet, ici on a affaire à Focus Features et Michael De Luca Productions, deux boites plutôt compétentes si on regarde leurs filmographies.
Sam Taylor Johnson est désignée comme architecte du projet, c'est à dire qu'on a choisit une jeune femme n'ayant à son actif qu'un seul long-métrage moyen (un biopic sur John Lennon) pour réaliser l'oeuvre cinématographique érotique de l'année, choix discutable en effet.
Pour ce qui est du casting, là aussi il y a une anecdote notable : Charlie Hunman avait été choisit pour le rôle de Mr. Grey mais les fans ont tellement crié au scandale qu'il a démissionné avant le début du tournage et a été remplacé par Jamie Dornan. Le rôle féminin est donné à Dakota Johnson.

Bon autrement dit on part sur des bases très moyennes, mais bon chez Bullshit Ent(c) on ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué, donc pas de jugement trop rapides, soyons objectifs.

DÉVELOPPEMENT 

Bon si vous vous êtes un peu baladés sur Internet ses derniers jours, vous avez sans doute constaté que le film n'a pas plu du tout. Mais alors pas du tout.
Et de manière très surprenante je suis de cet avis. Ce film est fondamentalement mauvais.

Par où commencer ? Tellement de choses à dire....
Fifty Shades n'est pas une "oeuvre" facile à appréhender : il y a des gens qui voulaient de l'amour, et d'autres qui voulaient du sexe. Déjà on a un public divisé, mais admettons qu'une grande majorité de gens voulaient le voir pour enfin assister à un spectacle amoureux et SM, érotique mais un peu violent, un genre de film qui n'oublie pas ses influences tout en cassant les codes un peu effarouché du cinéma classique.
Je dis ça parce que c'est comme ça qu'il a été vendu hein : romance érotique un peu violente en gros.

Le plus gros problème de Cinquante Nuances de Grey c'est que le film ne se respecte pas lui-même sans respecter non plus ses engagements et ses objectifs, en fait c'est un film stagnant. Pour ce qui est de l'histoire d'amour, c'est délicat. J'ai lu/vu un certains nombre de personnes qui essayaient de défendre le film par le biais de la romance qui occupe le scénario, prétendant qu'elle a une certaine portée psychologique en plus d'être originale.
Mais non, je suis désolé mais non. On a ici affaire à une histoire d'amour relativement simpliste, en plus d'être réellement irréaliste (on essaye même pas d'y croire), et relevant plus du fantasme superficiel plutôt que du réel effort créatif (une étudiante lambda et un milliardaire alpha ? sérieusement ?).
Déjà les bases de la structure s'effritent, mais après ? Bon ne me dites pas que vous n'avez pas vu la ressemblance avec un autre film : une jeune ingénue qui tombe éperdument amoureuse d'un mystérieux playboy, mais leurs mondes sont incompatibles et eux-mêmes doutent de la pureté de leurs sentiments ce qui ne facilitent pas non plus la tâche. Ça y est ? Exactement : Twilight, chef d'oeuvre de la médiocrité je rappelle.
Donc non, l'histoire d'amour est tout sauf originale, c'est du vu et revu depuis Romeo et Juliette et Les liaisons dangereuses.
Et je ne m'attarde pas sur la soi-disante portée psychologique hein : il n'y en a pas non plus. La romance suit précisément le schéma de base (on se repousse, on s'aime, on se repousse, on s'aime), le scénario ne décolle pas, et les confrontations sentimentales et conceptuelles ne sont que superficielles et ne servent que la trame scénaristique et non pas un potentiel double message.

Enfin bref, je pourrais critiquer l'histoire d'amour du film encore longtemps mais ça n'aurait que peu d'intérêt, parce qu'arrive l'autre critique du film : le sexe.
Fifty Shades, à défaut d'être une histoire d'amour, se vendait comme étant une mise en lumière novatrice et sensuelle sur l'univers tabou mais influent du sadomasochisme ou du moins de la vie sexuelle débridée.
Autrement dit pour ceux qui ne suivent pas au fond, un film avec du cuir, des fouets, des menottes, et de la violence. Et ne me sortez pas que ce n'est pas vrai, et que le film voulait faire un compromis entre l'amour pur et le SM, je cite Christian Grey lui-même : "Je ne fais pas l'amour, je baise violemment".
Voilà à partir de là, on se dit que forcément ça va y aller et qu'au moins le film est honnête avec lui-même et son public.
Encore une fois déception : effectivement il y a des scènes sexuelles consistantes (20 minutes sur les deux heures, chapeau bas Mlle Taylor Johnson, on est presque sur La Vie d'Adèle), qui oui mettent en scène des fouets et des cravates, mais non, ce n'est pas du sexe violent sadomasochiste.
Là on reste sur un niveau très soft, surtout présent pour émoustiller les jeunes filles. Et on va pas se mentir messieurs : si c'est ce que Mr Grey appelle "baiser violemment", alors on en est tous capables.
Les scènes de """"""sexe violent"""""" restent extrêmement passionnelles (deux trois coups de fouets grand max), et le côté SM s'évanouit vite une fois la première scène avec la cravate.
Si j'était un jeune homme sadomasochiste espérant voir enfin un film connu sur mon univers un peu fétichiste, je serais franchement déçu.
Parce qu'au final, on peut tout à fais remplacer le côté "domination" par n'importe quel autre fantasme et l'histoire marche aussi, fuck le SM. 
En fait j'ai vu plus de sexe SM dans la scène de Zed dans Pulp Fiction que dans tout Fifty Shades. Voilà c'est dit.
Ma dernière critique sur le côté sexuel sera le sur le choix des scènes de nus : il n'y en a pas. Enfin si : on voit clairement qu'ils sont nus, mais on ne voit jamais leur corps entièrement dénudé à l'écran. Pourtant il y a deux-trois plans relativement tendancieux, qui laisse entrevoir pendant une seconde un début de sexe, mais non non non, on préfère ne pas se lancer. Vraiment dommage pour un film où le sexe est censé être au coeur du récit.

Bon donc une histoire d'amour mainstream, et du sexe SM très diminué, une absence de nudité malgré un sujet qui le nécessiterait, je crois bien qu'il faut regarder la vérité en face : derrière ses côtés de film d'un genre nouveau, courageux et aventurier, Cinquante Nuances de Grey est un film tout public sérieusement basique, qui a juste été très bien vendu.
Parce qu'au final, la réalisation est correcte sans être audacieuse (encore une fois il y a un problème ici - et d'ailleurs je ne mentionnerais pas le manque d'originalité par certains moments, la scène du planeur c'est la même que celle dans L'Affaire Thomas Crown putain, on ne plagie pas Thomas Crown enfin), et le jeu des acteurs correspond exactement à ce à quoi on s'attendait ; il n'y a rien d'original dans ce film, mais au lieu d'être banal, il est juste mauvais.

Je vais quand même noter l'énorme effort sur l'esthétique du film qui est très belle, je dois le reconnaitre, et sur les musiques qui, elles, semblent vraiment vouloir rendre toute cette histoire plus intenses.
Et j'applaudis aussi la performance de Max Martini en Taylor : de loin le meilleur acteur et le meilleur rôle du film. 

Et petite parenthèse, je suis très étonné que ce film soit encensé par les critiques féministes qui l'invoquent comme un appel aux femmes à assumer leur sexualité et à outrepasser les codes de la société machistes. Moi j'y vois plutôt un film potentiellement très influent qui met en scène un fantasme simpliste et l'édifie en code : les femmes ne rêvent que de riches milliardaires qui peuvent les dominer mais aussi les aimer sincèrement (paradoxe, quand tu nous tiens).

Enfin bref, j'arrête le développement ici et je souhaite bonne chance à tout les hommes qui sortent avec des filles fans de Fifty Shades et qui vont leur demander de les attacher et des les """"""baiser violemment"""""".

CONCLUSION

Cinquante Nuances de Grey est un film qui ne décolle pas et qui n'arrive pas à cacher ses échecs derrière son voile esthétique pourtant concret. Son succès repose sur le bouche à oreille et sur celui du livre, dont la notoriété est due à un lectorat féminin américain à mon avis très peu critique.
Si vous êtes amateur d'histoire d'amour puissantes, de film novateurs, ou si vous êtes pratiquant sadomasochiste, ce film n'est définitivement pas pour vous. D'ailleurs il n'est véritablement destiné qu'aux fans du livre.
En revanche si vous vous ennuyez pendant ces courtes vacances et que vous voulez vous offrir une belle tranche de comédie, je vous le recommande : je n'ai jamais vu une salle de cinéma parler autant pendant une projection de ma vie.

Bonne journée et bonnes vacances, profitez bien c'est bientôt la fin !

lundi 19 janvier 2015

Captives - Atom Egoyan

Bonsoir la populace, et désolé car j'écris avec un jour de retard, honte sur moi.
Bref, les excuses finies on va passer à la suite.

Hier j'ai donc été voir Captives film canadien dans le but de changer avec 2014, qui fut l'année des blockbusters.

MISE AU POINT

Inutile de vous parler longuement d'Atom Egoyan, le réalisateur du film, il n'est que peu connu du grand public français aussi ses oeuvres n'ont pas dû parvenir jusqu'à vous (et jusqu'à moi non plus d'ailleurs).
En revanche il est judicieux de signaler que Captives ("The Captive" en VO) a fait un petit détour par le très estimé et fort respecté Festival de Cannes, puisqu'il avait été selectionné pour la Palme d'Or (qu'il n'a hélas pas remporté).
On a donc à faire à un genre d'ovni lointain venu de la blanche et douce contrée du Canada, nominé sur La Croisette, et qui raconte d'ailleurs une histoire plutôt sombre et glauque.

DÉVELOPPEMENT

J'espère que vous admirez le tact et le doigté avec lequel j'ai orchestré la transition depuis l'introduction jusqu'au développement.
Une histoire sombre et glauque, oui, mais qui constitue la première qualité de ce film très très réussi : une petite fille se fait kidnapper et l'enquête sur sa disparition se poursuit sur huit ans. Entrent alors en relation les parents, les policiers, et surtout les ravisseurs, pour une enquête longue et prenante.

Un scénario avec du potentiel qui touche au douloureux thème de la pédophilie et des enquêtes policières qui y sont directement liée. Ce qui n'est pas sans rappeler le puissant Polisse de Maïwenn à l'échelle nationale.
Mais restons sur Captives qui peut donc se vanter d'un scénario extrêmement bien ficelé et tout autant passionnant et haletant alors que le rythme lent et calme ne semblait pas se prêter à une telle prouesse. De plus le film est basé sur un montage à temporalité brisée : c'est à dire que les séquences n'apparaissent pas dans l'ordre chronologique et que le spectateur doit se joindre à l'enquête en reconstituant la trame du film progressivement.
Pour épauler ce choix de montage particulier et ce scénario remarquable, on constate une réalisation de haut niveau. En effet, le film semble enveloppé dans une certaine retenue sonore et visuelle alors qu'il traite un sujet extrêmement violent. Aucune image n'est montrée et les propos chocs se comptent à peine sur les doigts d'une main. Et ce n'est pas plus mal : très rapidement le spectateur doit faire appel à son imagination pour appréhender la dureté et la réalité de l'histoire, dans un film où tout n'est que suggéré. Un choix de réalisation qui renforce indéniablement la force et la puissance du scénario qui, hélas, n'est pas sans rappeler les plus sordides faits divers.
On applaudit également les choix esthétiques : la neige blanche et pure, qui n'est pas sans faire écho à l'innocence de l'enfance et toujours à ce même sujet douloureux. Mais également les décors intérieurs souvent aliénant, étroits, exigüs, étouffant, qui pèsent sur le spectateur et les personnages et qui rajoutent de la tension. Un mot aussi sur le découpage de certains plans : notamment les scènes où l'antagoniste principal est assis sur son bureau et qu'il se reflète dans son miroir latéral, donnant l'impression qu'il se parle à lui même, et rappelant la dichotomie du personnage.

On pourrait parler des choix de réalisations et esthétiques du film mais ça durerait un peu trop longtemps et il faut en garder pour le formidable travail des acteurs. Notamment deux d'entre eux : Ryan Reynolds qui interprète à merveille le rôle du père meurtri, désespérément seul, et prêt à tout pour retrouver sa fille, même après huit ans ; et Kevin Durand dans le rôle du pédophile (?) fou à lier, psychopathe dualiste, qui prend plaisir à tourmenter la famille de Cass (la petite fille) huit ans après l'enlèvement, alors qu'il retient toujours la fille en otage.
Outre ces deux messieurs, tout le monde s'en sort très bien également, j'ai pas grand chose à redire là dessus, si ce n'est que le rôle de la mère dévastée qui fond en larmes à chaque scènes m'énerve toujours autant, mais rien à voir avec l'actrice en particulier.

Atom Egoyan a donc livré un magnifique film extrêmement bien réalisé, à mi chemin entre le film policier, le thriller, et le film minimaliste et intimiste d'auteur (à tri chemin donc ?). Et j'aimerais pouvoir vous parler toujours plus de l'aspect visuel du film, de l'histoire haletante, et de la façon de traiter cet ensemble mais j'ai un contrôle de Spé-SciencePo et un autre de Latin demain (#nobodycares).

CONCLUSION

Du haut niveau avec Captives, l'année commence très bien. Et si le scénario, la réalisation, et le jeu d'acteur n'auront pas séduit le prestigieux jury du Festival de Cannes, il a su convaincre celui de Bullshit Ent qui vous le recommande chaudement, même s'il est froid (merci merci).
Bon par contre il doit être en fin de diffusion et en plus il doit pas être dans toute les salles, donc bonne chance ! Mais allez quand même le voir.
Bonne soirée, et bonne séance.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à la très respectable Maman qui nous dit que "un très bon thriller angoissant et haletant qui laisse une grande place à l'imaginaire, où tout est suggéré"
Merci Maman.